La veuve joyeuse. Layla

it was a big big world but we thought we were bigger
Tes yeux. Comme chez la plus part des gens ils sont le reflet de ton âme. Ils s’illuminent ou s’assombrissent selon ton humeur. Ils ont vu de belles choses et des choses horribles. Ils ont été les témoins de ta complicité fraternelle avec Lou et India. Ils l’ont vu grandi et puis s’effriter sous le poids des années. Ils ont enregistré chaque instant partagé. Chaque geste échangé. Parfois ces souvenirs te reviennent en mémoire et tu as la sensation de regarder un album photo. Certaines sont jaunies par un trop de larmes. D’autre garde leur éclat éclairé par la joie de vivre qui inondait vos cœurs. Au travers de tes prunelles tu as vu les sourires et les blessures de Lou et d’India. Tu les as partagé. Tu as vu tes parents se déchirer. Se séparer. Tu l’as vu choisir un autre homme et partir pour une autre vie. Et ton regard a du accepté une demi sœur. Une erreur qui ne cadrait plus dans le tableau du bonheur parfait que jusqu’à présent tes yeux enregistraient. Une tache sur ton cœur. Un trou dans ton âme. Un nuage vorace dans ton ciel océan. Et tes yeux ont changé. Ils sont devenus plus sombres. Serrant ton cœur. Emportant les rires pour ne laisser que les larmes. Balayant les joies pour faire naitre les peines.

Tes lèvres. Elles ont dit des mots doux. Des mots d’amour. Des mots de haine. Des mots blessant. Tu les mords quand tu es angoissée. Quand tu es excitée. Quand tu mens aussi parfois. Tu les mors pour séduire souvent. Un geste que tu fais naturellement et qui en a perturbé plus d’un. Mais laisse d’autre froid parce qu’ils savent de quoi tu es capable. Cela voit surement le démon derrière le visage d’ange. Tes lèvres ont embrassé. Enivré. Mordu. Elles ont jeté le doute. Semé l’embrouille. Engendré des troubles. Mais elles savent rester sincères parfois. Notamment quand tu disais à Lou ou à India que tu les aimais d’un amour sans limite. C’est toujours aussi vrai, aussi fort et puissant. Mais ils n’y croient plus. Et cela te fait mal. Cela te ronge comme de l’acide. Parfois tes lèvres ont envie de dire à Lou que tu lui en veux. Oui tu lui en veux atrocement de son éloignement. Comme tes lèvres ont envie de demander à India pourquoi elle aime Talia. Alors que tout était si parfait sans elle. Mais elles restent muettes. Pourtant l’envie est là juste à fleur de peau. Comme un frisson après une caresse. Mais il disparait avant même que tu n’es pu l’accepter. Un jour peut être tes lèvres diront ces mots. Tu feras surement souffrir. Mais cette souffrance soulagera vos cœurs si elle ne les détruit pas définitivement.

Ton corps. Une arme fatale que tu as rapidement appris à manier. Les regards gourmands qui glissaient et qui glissent encore sur tes courbes ne t’ont jamais échappé. Tu as vite compris le pouvoir qu’avait ton décolleté ou ta chute de rein. Mais jamais de vulgarité tout en sensualité. C’est bien plus alléchant et appétissant. La première fois que tu as offert  ton corps, tu n’avais que 15 ans et ton amant devait frôler les 20 ans. Un beau mâle musclé faisant parti de l’équipe de foot de l’université. Ce n’était pas trop mal. La preuve tu n’as eu qu’une envie recommencer. Et les fois suivantes furent plus exquises. Tu ne collectionnais pas les amants non plus. Il ne faut pas croire que tu écartais les jambes pour n’importe qui. Fallait te mériter. Et tu en as fais baver plus d’un. Certains bavent surement encore en attendant leur tour. Les pauvres, mais pas de pitié pour ceux qui se trouve en bas de l’échelle. Tu jouais les jeunes femmes amoureuses quand le garçon était vraiment intéressant. Genre un corps de rêve à faire trembler toutes les minettes et surtout un compte en banque bien remplit, même s’il était du à papa et à maman. Là tu t’accrochais. Enfin c’est ce qu’il pensait. En attendant tu t’amusais et tu en profitais. Et tu changeais aussi. Et puis il y a eu ce coup de foudre. Difficile de résister. La perle rare. Celui à ne pas laisser passer.

Ton mariage. Tu n’avais pas tout à fait 24 ans quand il a croisé ta route. Au premier regard il ne t’a pas marqué. Par contre lui a été rapidement sous ton charme. Tu lui as porté un peu plus d’intérêt quand tu as vu sa villa avec piscine et tout le tralala, le garage où étaient rangées ses belles voitures. Et puis quand il ta emmené dans les endroits chics qu’il fréquentait. Que du beau monde. Tu avais fini tes études de photographe et tu avais eu ton diplôme. Ton nouvel objectif était te marier et en profiter. Et il était la proie parfaite. Pas de famille ou un neveu éloigné. Bon okay il était un petit peu plus âgé que toi, disons le double de ton âge. Mais au lit il assumait même mieux que certain des étalons que tu avais eus la chance de chevaucher. Vous vous êtes fréquentés six mois avant qu’il ne t’offre une bague avec un diamant qui a faillit te couter un arrêt cardiaque. Et tu lui as dis oui avec les larmes aux yeux et tout un programme charnel pour ne pas qu’il regrette. Tu es devenu madame de. Ce n’était pas trop mal. Et puis tu avais ta liberté et sa carte bleue, même si dessus c’était ton nom qui était noté. Il ne regardait pas tes dépenses. Surtout quand tu revenais avec des dessous affriolants qui rendaient vos nuits plus torrides. Il t’emmenait en voyage. Tu étais heureuse, enfin c’est ce que tu lui disais. Mais par derrière tu t’envoyais en l’air avec des jeunes de ton âge. Bon il n’a rien vu au départ. La preuve il a même accepté de changer son testament. Toute sa fortune en ta faveur. Toutes ses belles voitures. Sa divine villa. Tout à ton nom. Pour le meilleur et pour le pire. Et lui ne voyait que le meilleur. Tu étais la femme de sa vie et vous finiriez ensemble devant une cheminée. Et bien maintenant tu es veuve. Il c’est cassé la pipe avant toi. Il a trop abusé des positions cochonnes dans vos ébats. Et surtout tu as légèrement augmenté sa dose de ses médicaments pour son cœur. Tu es passée par des épreuves difficiles au moment de sa mort. La police pensait même que c’était un meurtre. Et que tu étais la coupable. Toi tuer ton mari dont tu étais si amoureuse. Quel horreur. Tu as joué la veuve éploré, cela a pas mal marché. Mais ce qui t'a surtout sauvé les fesses c'est Lou qui t'a couverte pour éviter le gros merdier et que tu ne sois pas inquiétée. Même si tu avais fais gaffe afin de ne pas laisser d'indice conduisant vers toi. Ton petit cœur à quand même souffert de perdre l’homme de ta vie. L’argent n’arrange pas tout. Mais il aide bien à supporter le veuvage.

La photo. Une passion que tu as depuis que tu es gamine. C’est ton père qui t’a offert ton 1er appareil. Et tu as vite prouvé que tu étais douée. Que tu avais l’œil pour saisir l’instant magique. Pour graver sur le papier le moment unique. Au départ des paysages. Et puis des visages. D’abord ceux de ta famille avant d’oser photographier des étrangers. Tu trouves les photos en couleur superbes mais tu es attirée par la symbiose du noir et blanc. Tu trouves cela plus mystérieux. Et puis ils se marient tellement bien. Tu as rapidement décidé d’en faire ton métier. Pour toi c’était une évidence. Cette passion te dévorait. Et tu t’y es jeté à corps perdu, faisant des études excellentes. Découvrant chaque jour de nouvelle technique. Explorant d’avantage l’univers de la photographie. Tu passes parfois des heures sur un banc pour saisir un regard insoumis ou une mèche rebelle. La caresse du vent dans les feuilles. Un coucher de soleil sur la ville. Tout se livre à ton regard. Tout s’abandonne sous l’objectif de ton appareil photo.

L’argent. Il a toujours fait parti de ta vie. Même enfant tu n’as pas eu à te plaindre. Après c’est un peu devenu comme une drogue. Quelque chose que tu ne peux expliquer. Un besoin bien plus fort que la raison. L’argent ouvre toutes les portes. L’argent permet toutes les fantaisies. Il est ton ami, même si parfois il peut devenir ton ennemi si tu te laisses prendre à son jeu. Mais tu aimes ça le luxe. Alors pourquoi t’en priver vu que la vie t’a donné les moyens d’en abuser. Bon peut être que la manière n’était pas très honnête. Mais tu lui as donné 3 ans de ta vie à ce mec. Alors faut bien une petite compassassions. Et puis t’y peux rien si c’était son heure, même si la police a encore des doutes sur la vraie raison de sa mort. En attendant tu vis au milieu des billets verts. Ne portant que des vêtements de marque. Des chaussures derniers cris. Ne fréquentant que des établissements dignes de ta richesse. Et puis si tu veux trouver un nouveau pigeon, enfin un nouveau mari faut que tu ailles là ou l’argent se trouve. Ce n’est pas dans un fast food que tu trouves un Rockefeller.

Ta famille. Il n’y a pas grand-chose à dire sauf qu’elle est partie en miette après la trahison de ta mère. Tout était si chouette avant. Mais certains évènements ont mis un vrai merdier. Et depuis tout part en sucette. Même avec ton frère Lou et ta sœur India ce n’est plus comme avant. Bon vous n’êtes plus des gosses mais tu regrettes ce temps. Cette complicité qui rendait votre trio unique. Et puis il y a Talia, l’ombre au tableau. Celle qui ne compte pas pour toi. La famille on ne la choisit pas, on la subit. Parfois tu voudrais trancher dans le vif pour enlever toutes les branches pourries que les conneries ont faites pousser. Mais cela risque fort de faire mal et tu n’es pas sure d’avoir le courage d’encaisser. Pas sur non plus que Lou et India le supportent.  

Ce que tu aimes. L’argent vous l’aurait compris. Ton grand frère et ta petite sœur. Ton père. Le thé avec une tranche de citron, un nuage de lait et 2 sucres, et rien à voir avec le fait d’être anglaise. Le cinéma, les films à grand spectacle qui vendent du rêve, au prix du ticket on peut l’exiger. L’odeur des fleurs quand l’aube se lève et qui ne se dévoile qu’à ceux qui ont su l’attendre durant toute la nuit. La confiture de fraise que faisait ta grand-mère paternelle. Les traits d’un visage insoumis au caprice de la vie. Le champagne bien frais servi dans une flute et non dans une coupe. Un instant de silence perdu dans un lieu magique. La couleur bleu sous tous ses dégradés du plus clair au plus foncé. Les gouttes de pluies qui résonnent contre une fenêtre. Dormir nue entre des draps de soie. Lire un livre. Laisser l’eau de la douche couler des heures sur ta peau. Trainer sur ton canapé emmitoufler dans une robe de chambre avec une grosse paire de chaussettes au pied, bon ce n’est pas très sexy mais c’est juste quand tu es seule. Marcher pendant des heures sans savoir où tu vas, juste pour le plaisir de laisser tes empreintes dans la terre humide. Manger des pâtisseries surtout des pâtisseries au chocolat. Porter de la lingerie fine en dentelle ou en soie. Chanter à tue tête les derniers tube à la mode. Conduire ta décapotable. Courir dans le sable. Dévorer des cerises tout en les cueillant sur l’arbre. Faire souffrir Talia, juste un peu, bon beaucoup. Le sexe. Faire du shopping.

Ce que tu détestes. Ta mère. Talia. La couleur rouge. L’odeur du sang. Le froid. La mal bouffe. Les gens qui pensent tout savoir sur tout. Les femmes plates. Les hommes gros. Les pâtes cuitent à l’eau. L’odeur de l’ail. Les armes à feu. Perdre ton temps. Les parfums entêtants. Changer une roue. Sortir les poubelles. Caresser un animal. Faire les courses, faire la queue aux caisses pas du tout un truc pour toi. Prendre les transports en commun, trop de monde. L’odeur de la cigarette froide. Les enfants qui hurlent. Les chats qui miaulent la nuit comme si on les écorchait vif. Le vide. L’art moderne qui ne ressemble à rien. Le mauvais gout niveau vestimentaire. Le concombre. La viande saignante. Les trucs mal rangés. Faire des papiers. Parler de ton défunt mari. Pleurer devant des gens que tu ne connais pas. Te prendre la tête avec ton grand frère. Voir India aller vers Talia. La souffrance de ton père. Ne pas être à la hauteur. Être faible et fragile. Le café. Le whisky. Ceux qui te mettent des bâtons dans les roues. Les hommes qui te résistent.

Ton avenir. Tu n’as pas d’emprise sur lui. Tu le voudrais à ton image. Tu voudrais pouvoir le manipuler,  mais ce n’est pas une chose aisée. Parce qu’il y a toujours une part que tu ne pourras pas maitriser. Et puis lui il ne s’achète pas avec quelques billets. C’est un enfant sauvage indomptable et capricieux. Un peu comme toi parfois. Pour le moment tu vis au jour le jour. Profitant de chaque moment de bonheur que la vie t’offre gracieusement. Tu ne regardes pas en arrière c’est trop douloureux. Même si parfois tu vas puiser ta force dans tes souvenirs d’enfance. Avant que tout dérape. Avant que tout éclate. Tu essaies d’aller de l’avant. De prendre le meilleur et de laisser aux oubliettes ce qui n’a pas de saveur. De toute façon tu as les armes pour affronter les épreuves. Car tu sais qu’il y en aura d’autre. La mort de ton mari parfois revient à la charge. La blessure par rapport à tes liens avec Lou et India. Tout n’est pas tout rose. Tout n’est pas tout bleu. Tout n’est pas tout noir. Tout n’est pas tout blanc. Le gris domine souvent. Tout ce que tu espères c’est trouvé un bon compromis. Et réussir à enterrer tes démons. Mais là encore la vie peut réserver bien des surprises. Des bonnes comme des mauvaises. Bon il y a toujours une solution. Et tu n’es pas à court d’idée. Du moment que tu restes blanche comme une colombe la manière importe peu. Alors tu fonces sans te poser de question. Sans te prendre la tête. Tu vis et tu espères que demain sera meilleur qu’hier.